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Auteur : | Reiner Knizia |
Editeur : | Kosmos |
Date de sortie : | 2000 |
Durée : | 1h 30 |
Nombre de joueurs : | 2 à 5 |
Commençons par un avertissement : si vous navez pas lu « Le Seigneur des Anneaux », la description qui suit risque dêtre incompréhensible. Dun autre côté, vous risquez également de ne pas trouver dintérêt au jeu. Donc lun dans lautre, ce nest pas trop grave...
Le but du jeu est dune simplicité tolkienienne : aller en Mordor et détruire lanneau unique. Chaque joueur incarne un hobbit différent (Frodon, Sam, Pippin, Merry et Dick, le hobbit qui, dans le livre, garde la maison de Merry et se fait attaquer par les Nazguls). Un des hobbits est le porteur de lanneau, cest évidemment Frodon au début du jeu. Le jeu est totalement coopératif ; tous les joueurs gagnent si le porteur de lanneau arrive au mont du Destin et perdent si Sauron le rattrape. Cependant, les joueurs gardent leur singularité puisque chaque hobbit a une caractéristique propre et surtout chacun devra gérer sa propre main de cartes « Hobbit ».
Les cartes Hobbit
Les cartes Hobbit constituent le moyen daction des joueurs. Une carte Hobbit appartient à une des quatre familles suivantes : lamitié (symbole « poignée de mains », lendurance (symbole « pieds velus marchant »), le combat (symbole « armes entrecroisées »), la discrétion (symbole « arbre »). Certaines de ces cartes Hobbit sont de cartes Joker qui permettent dêtre utilisées comme nimporte quelle carte dune des familles. Les cartes Hobbits sont blanches ou grises, détail qui a une importance au moment du jeu de la carte (et pour Frodon pour lequel toute carte blanche est traitée comme un joker).
Les cartes Hobbit « de base » ne porte quun seul symbole de leur famille. A différentes étapes du jeu, les joueurs recevront dautres cartes Hobbits correspondant à des personnages amis ou des objets spéciaux du roman : ces cartes porteront, elles, de un à trois symboles (par exemple, « Boromir » est une carte portant deux symboles « Combat », « Eowyn » vaut deux jokers).
Un petit nombre de cartes Hobbits nappartiennent pas à une famille mais permettent des actions spéciales. Les plus puissantes sont les cartes « Gandalf » qui doivent être achetées au cours du jeu, les autres seront reçues aux étapes de Fondcombe et de la Lorien.
A deux exceptions près dans la partie, les échanges de cartes sont interdits. Face à Sauron, la gestion des cartes sera déterminantes et les joueurs les moins pourvus seront les premiers à se sacrifier pour protéger le porteur de lanneau.
Sauron et le dé spécial
Sur lélément du jeu rappelant les différentes étapes du voyage des hobbits, de la Comté à Mordor, est également dessinée une échelle graduée de 0 (la lumière) à 15 (les ténèbres). Au début du jeu, une figurine représentative de chaque hobbit est placée sur la case 0 et une pièce figurant Sauron est placée sur la case 15 (ou 12 ou 10 pour augmenter la difficulté du jeu). Au cours du jeu, les joueurs, et en particulier le porteur de lanneau, devront souvent lancer un dé spécial. Suivant la face du dé, les conséquences du jet peuvent être les suivantes : avancée de la pièce Sauron dune case, recul de la figurine hobbit de une, deux ou trois cases, perte de deux cartes hobbits, ou, sur une seule face, aucune conséquence. Sauron va donc avancer inexorablement au gré des jets de dé (ou suivant dautres événements) tandis que les hobbits vont reculer vers les ténèbres (avec des possibilités de revenir vers la lumière). Lorsque la pièce Sauron « rattrape » une figurine hobbit, le hobbit en question est éliminé. Si cest le porteur de lanneau, la partie est perdue.
Les tableaux
Le plateau principal ou plutôt les plateaux principaux du jeu Der Herr der Ringe sont les « tableaux », cest à dire ceux représentant le détail dune étape du voyage. Il y a quatre tableaux dans le jeu : la Moria, la gouffre de Helm, Minas Morgul et Mordor. Les autres étapes du voyages sont des étapes préliminaires (de la Comté à FondCombe) ou des étapes de repos (Lorien) où les joueurs pourront gagner des cartes hobbits, ou en perdre. Toutes ces étapes sont rappelées sur le petit plateau comportant léchelle de Sauron décrite précédemment.
Les tableaux sont le cur du jeu. Le tableau de Mordor est évidemment le plus difficile sachant quil est précédé du gouffre de Helm et Minas Morgul sans possibilité de repos.
Un tableau comporte :
A chaque piste correspond un des quatre symboles (combat, amitié, discrétion, endurance). Lorsquil ny a que trois pistes, un des symboles nest pas utilisé. Dans les trois premiers tableaux, la piste principale est celle du symbole « combat », en Mordor, cest la piste du symbole « endurance ». Un pion, commun aux joueurs, est placé au début de chaque piste ainsi quau début de la succession dévénements.
Les joueurs vont donc jouer chacun leur tour afin dassurer la progression des pions communs sur les différentes pistes. Cependant, avant de jouer, il faut résoudre les événements éventuels. Pour ce faire, les joueurs diposent dune série de tuiles en cartons. Au début de chaque tableau, ces tuiles sont mélangées et empilées. Lorsque cest le tour dun joueur, on retourne la première tuile de la pile. De deux choses lune :
Si les joueurs nont pas de chance, il peut arriver que plusieurs événements soient résolus avant même quils puissent agir. Les événements sont de trois types : obliger lhobbit actif à choisir entre reculer de deux cases vers lobscurité ou avancer Sauron dune case, obliger le porteur de lanneau à jeter une fois le dé spécial, déclencher le grand événement suivant dans la succession des sept grands événements.
Actions des joueurs
Une fois les éventuels événements résolus et si son hobbit est toujours en vie, un joueur peut choisir une des trois actions suivantes :
En jouant une carte Hobbit, on peut faire avancer le pion commun sur la piste correspondante au symbole (ou la piste de son choix si cest un joker). Chaque case a une fonction particulière parmi les six suivantes :
Lorsquun hobbit joue une carte Hobbit permettant de se déplacer de plusieurs cases sur une piste, les fonctions de chaque cases sont prises en compte.
Enfin, le porteur de lanneau peut décider dutiliser lanneau et de se déplacer de une à quatre cases (au gré du dé) en ignorant leurs conséquences, sur la piste principale uniquement. Il doit alors jeter une fois le dé spécial.
Fin dun tableau
Un tableau se termine lorsque le septième grand événement est joué ou lorsque le pion commun arrive à la dernière case de la piste principale. Chaque hobbit fait le point des symboles de vie quil a récupéré. Pour chaque symbole de vie manquant parmi les trois, il recule dune case vers les ténébres sur léchelle de Sauron. En outre, le joueur qui a le plus de symboles de vie « anneau » devient le porteur de lanneau et tire deux cartes Hobbit. Les autres joueurs ne gagnent aucune carte et on passe au nouveau tableau.
En Mordor, le dernier tableau, le septième grand événement est la victoire de Sauron. Pour gagner, il faut arriver au bout de la piste principale, le Mont du Destin, là le porteur de lanneau jete une dernière fois le dé spécial et, sil est encore vivant, lanneau est détruit et les joueurs ont gagné.
Un barème de points permet de comparer une partie à une autre. Si les joueurs perdent, ils notent la dernière case atteinte afin de faire mieux la prochaine fois.
Pour une fois, on ne dira pas pas que cest un jeu allemand sans rapport avec son thème. Bien au contraire, la connaissance du thème et ladhésion à celui-ci sont primordiales pour apprécier le jeu. Cette constatation est renforcée par le caractère coopératif du jeu. Dans un jeu coopératif, les joueurs luttent ensemble contre un système géré aléatoirement et donc forcément primaire et implacable. Il faut donc que ce système soit particulièrement évocateur pour que les joueurs aient envie de lutter contre lui. Doit-on préciser que pour les amateurs du Seigneur des anneaux, la question ne se pose pas ?
Le choix des hobbits est particulièrement pertinent pour convaincre du caractère coopératif. Il aurait été difficile en effet de faire un jeu purement coopératif et sans combat si les joueurs devaient incarner Boromir ou Aragorn. Ici, on accepte davoir peu de maîtrise sur lavancée de Sauron et de subir les événements car il y a par ailleurs un aspect de gestion des cartes qui est loin dêtre évident. Certes, les joueurs vont tout faire, jusquà sacrifier leur hobbit, pour protéger le porteur de lanneau mais quel le moment le plus utile pour jouer telle ou telle carte ? Vaut-il mieux finir rapidement un tableau ou retarder la fin pour mieux se préparer au suivant ? Toutes sortes de question auquel les joueurs vont devoir répondre collégialement.
Le matériel est quant à lui superbe avec des illustrations de toute beauté. On signalera tout de même la laideur des figurines hobbits. Si vous pratiquez ou avez pratiqué le jeu de rôle et peint des figurines, cest le moment de les sortir.
Par son thème et sa qualité, ce jeu aura sans doute un fort succès. Je ne garantis pas son intérêt dans le temps mais cest un très bel objet. On se doute dailleurs que le mécanisme risque dêtre adapté à dautres thèmes porteurs (« La Guerre des Etoiles » par exemple).
Un dernier point, si le jeu a du succès, il a de fortes chances dêtre traduit en français. Jaurais juste un souhait, cest quils reprennent bien les très poétiques adaptations de la traduction française (i.e. quils nous mettent bien du Frodon plutôt que du Frodo, du Fondcombe plutôt que du Rivendell). Sans ça, je nachète pas le jeu !