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![]() | Cartes spéciales |
Auteur : | Bruno Faidutti |
Editeur : | Jeux Descartes |
Date de sortie : | 1999 |
Durée : | 30 mn |
Nombre de joueurs : | 3 à 7 |
Chaque joueur reçoit un jeu de dix cartes de la même couleur, comprenant six sommes dargent destinées à corrompre les autorités (entre 1000 et 10 000 dollars), deux journalistes pour contrer les tentatives malhonêtes de ses concurrents, un juge pour annuler des prévarications honteuses et un tueur chargé de réfréner la curiosité du magistrat susmentionné. Concrètement, les mécanismes du jeu sont simples à comprendre : on dispute trois manches. Après avoir placé les trois cartes représentant les instances dirigeantes (municipalité, comté, état), on place deux cartes « marché » en dessous des cartes « décideurs ». À chaque carte « marché » correspond une somme en dollars, qui montre la valeur du contrat (entre 100 000 dollars pour une école ou un monument et 1 200 000 dollars pour le barrage).
Cest alors que le jeu proprement dit commence: le joueur en tête de la partie (cest-à-dire celui qui, au cours des phases précédentes, a remporté les marchés qui ont la plus grande valeur), place une première carte, face visible ; puis le joueur 2 fait de même, et le joueur 3. Ensuite, les cartes seront posées face cachée. Chaque joueur place en tout six cartes : il peut placer ses cartes « pots de vin » ou « personnages » (juge, journaliste ou tueur) sous lun des six marchés en jeu. Il peut également placer de largent « en Suisse », cest-à-dire au-dessus de lune des trois cartes « décideurs ». Il décidera après auquel des contrats proposés par ce décideur il affectera la somme (qui sera réduite à la moitié). On regarde ensuite à qui chacun des contrats est attribué, en procédant contrat par contrat.
On retourne dabord les cartes placées sous les contrats. Sil ny a que des sommes dargent, on les additionne: le joueur qui a placé le plus dargent remporte le marché.
Exemple : le joueur jaune a placé un pot de vin de 4000 dollars sous le contrat « opéra », qui dépend du comté. Le joueur rouge avait placé un pot de 1000 $ et un autre de 2000; cest le joueur jaune qui remporte le marché.
À moins que le joueur rouge nait placé de largent sur le compte en Suisse au-dessus du comté et a décidé de sen servir pour ce contrat (il doit le dire avant que lon ait retourné les cartes placées au-dessous dudit contrat)...
Suite de lexemple précédent : le joueur rouge avait placé un pot de vin de 8 000 $ sur le compte suisse du comté. Sil décide de laffecter au marché de lopéra (mais il ne comptera alors que pour moitié, comme pour tous les pots de vin suisses), cst lui qui remporte le marché : 1000 + 2000 + (8000 : 2 = 4000) < aux 4000 dollars du jaune.
Tout se complique avec les personnages (dont on ne peut se servir quune fois par partie). Chacun a un pouvoir spécial, et lon ne comptera la somme des pots de vin déposés par chacun quaprès leur action:
À lissue de la première manche, les marchés qui nont pas été attribués (lorsque les plus grosses offres des joueurs étaient égales ou lorsquun juge est intervenu) restent sur la table, et six autres sont tirés (il peut alors y avoir plus de six contrats en jeu). Les cartes « pots de vin » sont rendues à leurs propriétaires respectifs, et les cartes « personnages » sont écartées du jeu. La deuxième manche se déroule de la même façon que la première, à cela près que les joueurs devront retourner les deux premières cartes quils posent chacun, et non plus seulement la première.
Le vainqueur est celui dont la somme des contrats remportés, à lissue de la quatrième manche, est la plus élevée.
Lesprit (cynique) et la conception (claire et simple) de ce jeu contribuent à en faire une grande réussite dans le domaine des jeux de cartes de bluff, pour des parties assez rapides qui peuvent évoquer le poker (lauteur du jeu avance dailleurs lui même cette comparaison). Cest dailleurs pour quoi ce « jeu de cartes spéciales », selon la terminologie consacrée, est lun de ceux qui ressemblent le plus à un jeu de cartes traditionnel, alors que dautres sen éloignent plus: Castel ressemble plus à un jeu de plateau, Croâa à un jeu de dames ou déchecs.
Cest donc selon ses goûts personnels dans ces domaines quil faudra envisager dacquérir ce jeu ou non : il plaira beaucoup aux amateurs de bluff, avec toutes les feintes qui sensuivent ; les joueurs de wargame simplifiés pourront lui préférer, Titan, the arena, dAvalon hill, ou encore Croââ, ou Castel, ou dautres. Quoi quil en soit, ce jeu devrait se placer selon moi en deuxième ou en troisième position pour tous les joueurs, et dans sa spécialité (le bluff et lintimidation), il demeure sans doute lun des meilleurs jeux de cartes français (je nai reçu aucun pot de vin ni subi la pression daucun tueur pour rédiger cette présentation...).