|
Spéculation |
Auteur : | Francis Pacherie |
Editeur : | Tilsit |
Date de sortie : | 1999 |
Durée : | 1h 30 |
Nombre de joueurs : | 3 à 6 |
But du jeu :
Dans la ville de Bagdad, il faut fêter lanniversaire du Grand Vizir en lui offrant les gemmes indiquées par une carte dobjectif. Pour arriver à ses fins, chaque joueur dirige un voleur et ses agents (caravaniers, marchands, négociants, assassins).
Le Matériel :
Comment ça marche ?
Chaque joueur dispose en début de partie dun voleur et de deux caravaniers. A lexception du placement du premier tour, chaque tour se déroule de la façon suivante :
Il est possible de jouer plusieurs cartes en même temps pour réaliser un achat. Attention, je précise en paraphrasant la règle: « on ne peut acheter quune seule chose avec une carte ou un groupe de cartes ».
Le possesseur de la Babouche la transmet à un joueur de son choix qui doit à son tour jouer au moins une carte de commerce avant de passer la Babouche à un autre joueur, ainsi de suite, jusquà ce que toutes les cartes de commerce aient été jouées. A ce moment le tour prend fin.
Lorsquà la fin dun tour le Grand Vizir se trouve sur une case Boutique du Palais, la partie est terminée. Chaque joueur dévoile le contenu de son sac et sa carte dobjectif : ont gagné les joueurs qui ont atteint leur objectif.
Pouvoirs spéciaux du Voleur et de ses agents
La première approche dun nouveau jeu peut être la découverte de la boîte demballage. Ici pas de déception : la boîte est trés bien illustrée.
Le regard caresse avec émerveillement limage dune cour intérieure dun palais oriental, au centre de laquelle deux individus sont en pleine conversation. Sous les traits dun personnage débonnaire, à la barbe blanche, au ventre rebondi et richement vêtu, on reconnaît le Grand Vizir. Il est en contemplation devant des joyaux que lui présente un personnage énigmatique (voleur, marchand ou voyageur ?). Dans lombre, la silhouette dun assassin se dessine ; une main avide se tend vers un coffre rempli de pierres précieuses; une autre main chargée de bagues, posée négligemment sur une jarre, évoque la présence de quelque conspirateur....
Le ton est donné. Le titre du jeu qui décrit des arabesques couleur lilas lève les derniers doutes, sil en demeurait : nous entrons de plein pied dans les légendes des Mille et Une Nuits. Peut-on imaginer plus belle entrée en matière ?
Une fois la boîte ouverte, lenchantement retombe quelque peu.
Le plateau de jeu nest pas à la hauteur des attentes. Quoi ! Tous ces hexagones, certes bien dessinés, représentent uniquement 2 types de terrain : boutique et pas boutique ! Qui plus est, laspect délavé des cases rues nest pas des plus réussi.
Heureusement lorsque le regard se pose ensuite sur les cartes de commerce, les pions Voleur, Caravanier, Marchand et autres, la magie renaît. Cest beau, cest bien illustré (par Thierry Ségur, Thierry Masson, Greg Cervall), cest de qualité.
Les règles sont clairement énoncées et bien détaillées.Dans un contexte des Mille et Une Nuits trés propice, les mécanismes de jeu tournent à plein, à savoir : achats, marchandages, vols et coups bas en tout genre.
Marchandage : attention à lambiguïté de la phase intitulée Echanges: pendant celle-ci, il sagira déchanger des cartes qui ont une valeur dachat exprimée en dinars. Lexpression « acheter de largent » prend ici un véritable sens. Chaque joueur disposant dun certain pouvoir dachat acquis lors de la phase des Revenus, va tenter de laméliorer.
Achats : un bon acheteur devra optimiser lusage de ses cartes de commerce pour acquérir, à leur juste prix, déplacements, agents et gemmes. Tout gaspillage ruinera les efforts consentis lors de la phase des Echanges.
Vol : ce pouvoir est à utiliser avec ou sans modération. Jinvite les plus honnêtes dentre vous à sinspirer de ce vieux dicton : « si jamais un voleur vole un voleur, il est pardonné pour cent ans » (Calvera).
Coups bas en tout genre : outre le pouvoir du Voleur, le pouvoir des agents permet décarter momentanément ou déliminer un gêneur. Une petite expulsion vers le désert dun agent arrivé dans une boutique du Palais : voilà qui est sympathique ! La présence dun Assassin peut dissuader les véléités de certains adversaires. Cet agent redoutable peut aussi assassiner pour assouvir une vengeance (non, mais !)...
Et aussi, il est possible, pendant la phase Echanges, descroquer un adversaire de bien des façons que je vous laisse imaginer...
Les mécanismes du jeu présentent un défaut : les objectifs ne sont pas très difficiles à réaliser (les valeurs des cartes de commerce sont trop élevées dans les quartiers plus riches. Les cartes dobjectif ne se contrarient pas assez). Ainsi, immanquablement, plusieurs joueurs, gemmes en poche, finissent par collaborer pour avancer le Grand Vizir et gagner ensemble. Il peut même arriver que tous les joueurs gagnent !
En guise de conclusion, je dirai que les Voleurs de Bagdad est un jeu à lambiance bon enfant. Il permet de jouer en famille ou entre amis, sans grande rivalité et sans se prendre la tête.